Voici
le témoignage de mon parcours avec l'Endométriose:
En
Janvier 2010, mon compagnon et moi décidons d'arrêter ma
contraception car notre souhait le plus cher est, comme pour beaucoup
de gens, d'avoir un enfant. A partir de ce moment, cette période qui
devait être un moment de bonheur tourne vite au cauchemar! Très
vite, je suis épuisée par des règles très abondantes,
douloureuses et des cycles très courts. Je consulte mon gynécologue
au bout de 3 mois pour ma visite annuelle ( mars 2010) et je lui en
parle déjà à ce moment... il me prescrit une prise de sang
"pré-conceptionnelle" et me dit de prendre des
anti-inflammatoires. La prise de sang est tout à fait normale et mes
dosages hormonaux sont bons.
Je
me dis donc que ces douleurs sont normales et je patiente. Les mois
passent et toujours pas de grossesse à l'horizon. J'observe mes
cycles et j'ai le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond.
J'ai de plus en plus mal lors de l'ovulation, cette douleur persiste
parfois pendant une semaine et j'enchaîne ensuite très vite par les
douleurs de règles. Je remarque que je suis réglée une semaine
après l' ovulation, ce qui n'est pas normal car les règles
doivent survenir 15 jours après l'ovulation. Au fil des mois, suite
à la fatigue, aux douleurs, et ce projet tant souhaité
n'aboutissant pas, mon moral prend un coup. J'ai de plus en plus
de mal dans mon travail de sage-femme et moralement c'est très
difficile d'accompagner les couples dans leur bonheur lorsque
nous, nous ne pouvons également le connaître... La
fatigue qui s'accumule devient difficile à gérer avec mon temps
plein et les horaires hospitaliers. Je commence à être
absente, pour "malaise" avec hypotension, lombalgies... je
vois mon médecin traitant, un orthopédiste, j'ai très souvent
recours à un ostéopathe pour me soulager, personne ne pense à
l'endométriose.
En
mars 2011, je retourne chez mon gynécologue. Un an vient de passer,
toujours pas de grossesse. Il décide donc d'investiguer. Il me
prescrit une prise de sang avec dosage hormonal au 21eme jour du
cycle et un spermogramme pour mon compagnon. Je lui fait part de mes
doutes par rapport aux cycles, aux douleurs de règles mais cela ne
semble pas l'inquiéter. Les résultats de nos examens sont
excellents. Il me refait comme à chaque consultation, une
échographie et un toucher vaginal... rien d'anormal visiblement. Il
me prescrit une hystérosalpingographie qui s'avère normale. Il me
fait donc faire des échographies de follicules pour savoir à quel
moment j'ovule et ainsi augmenter nos chances de réussite. Je lui
explique que je ne comprends pas pourquoi cet examen car je
souffre tellement lors de l'ovulation que je suis certaine du moment
de celle-ci! Mais j'ai l'impression qu'il ne me croit pas... je vais
donc faire mes échographies par acquis de conscience. Je dois
aller à l'hôpital toutes les 48h pour mesurer les follicules. Je
vois chaque fois un médecin différent. Personne ne voit mon Endométriose... J'ovule bien, je refais un dosage hormonal comme mon
gynécologue me l'avait demandé une semaine après l'ovulation et
tout est normal... Cycle suivant, même chose! Je téléphone à mon
gynécologue et lui donne les résultats de ces échographies, il me
dit par téléphone "passez demain à ma consultation, vous
aurez une ordonnance de Clomid". Je suis complètement
démoralisée. En même temps je suis fâchée car je viens de faire
ces échographies et ces dosages hormonaux et tout est bon!!!
Pourquoi ai-je besoin de Clomid??????
Le
lendemain, je vais à sa consultation non pas pour mon ordonnance
mais bien pour avoir des explications par rapport à ce Clomid!
Finalement, il confirme ce que je pensais : je n'en avais
pas besoin et il me le prescrivait car je lui paraissais
"impatiente". Nous sommes en octobre 2011 et j' ai ce désir
de grossesse depuis janvier 2010!!! Je trouve cette réflexion assez
déplacée. Je lui parle encore une fois de mes douleurs et que
je suspecte de l'endométriose, je trouve que je présente de
nombreux symptômes mais il me prétend que mes prises de sang sont
bonnes et qu'il ne faut pas croire que parce que je suis dans le
domaine qu'il faut penser tout savoir!!! Il me propose de
patienter encore jusqu'en février et si il n'y a toujours pas de
grossesse, il m'envoie à St-Luc.
En
janvier 2012, je consulte un gynécologue dans une clinique de la
fertilité à Mons. Dès la première consultation, sur base d'une
simple conversation, le médecin me confie qu'il pense à
l'endométriose! Lors du toucher vaginal, il remarque que l'utérus
est peu mobilisable ce qui fait penser à des adhérences... La
machine est lancée, je passe une IRM qui montre la présence
d'endométriose sur l'ovaire, des adhérences avec les intestins...
une échographie qui découvre la présence d'une masse au niveau de
la vessie. Je passe donc en urgence une cystoscopie pour éclaircir
cette masse qui se confirme être un nodule d'endométriose! Une
prise de sang au troisième jour du cycle avec un dosage du marqueur
CA 125 (qui s'élève en cas d'endométriose), ce que mon autre
gynécologue n'avait jamais fait... ce marqueur doit être inférieur
à 35 et je me trouve à 365!
Vu
l'étendue des lésions, mon gynécologue ne veut pas m'opérer. Je
dois subir une laparoscopie laser et une cystectomie partielle et il
me conseille un chirurgien spécialisé dans ce domaine à Erasme car
je suis jeune, sans enfant et que c'est une opération assez
délicate.
Je
vois le chirurgien fin février 2012 et fixe l'intervention au 15
mai. L'attente est extrêmement difficile moralement. Les douleurs
sont toujours présentes, surtout au niveau de la vessie. Il me
prescrit du lutényl en continu pour me soulager mais la douleur
vésicale persiste.
Le
15 mai, l'intervention se passe mieux que prévu car le chirurgien
réussit à enlever toute l'endométriose au laser même au niveau de
la vessie. Il en trouve aussi lors de l'opération sur le rectum, le
ligament utéro sacré et recto vaginal.
La
nuit suivante, j'ai fait un hématome. J'ai perdu beaucoup de sang,
ai été réopérée, transfusée et fait un passage par les soins
intensifs. Moments très difficiles à vivre pour moi comme pour mon
entourage.
Lors
de ma visite post-opératoire, le chirurgien semble assez satisfait
des résultats. Nous pouvons espérer une grossesse spontanée dès
l'arrêt de mon traitement. Je présente juste des soucis urinaires
qui visiblement sont liés à l'intervention car je souffrais
d'endométriose assez profonde et que les nerfs ont souffert lors de
l'opération. Je suis donc suivie par un urologue, je suis obligée
de prendre un traitement que l'on administre aux hommes qui
présentent des soucis de prostate. En juillet, je suis repartie
pour une série d'examens urologiques. En espérant que ces problèmes
rentrent au plus vite dans l'ordre car je reprends bientôt mon
travail à temps plein.
Début
Juillet, je revois l'urologue. Je ne sais toujours pas vider ma
vessie correctement, et un examen montre que je garde un résidu
post-mictionnel de 120cc. Ce qui n'est visiblement pas encore
catastrophique mais suffisant pour me provoquer des infectons
urinaires à répétition. Je dois poursuivre le traitement pour
essayer de réduire ce résidu et le faire revenir à une valeur
normale. Je suis assez déçue car les effets secondaires de ce
médicament sont assez désagréables mais je m'accroche à la bonne
nouvelle: la cystoscopie de contrôle effectuée le même jour est
normale! Il n' y a plus d'endométriose.
Une
semaine plus tard, je revois mon gynécologue et pour lui tout va
bien. Encore une bonne nouvelle! Je peux arrêter le lutényl et
envisager une grossesse. Il nous propose 2 solutions: soit la FIV car
nous avons déjà perdu beaucoup de temps, soit on se donne 6 mois
pour espérer une grossesse spontanée en m'avertissant que j'ai un
risque de récidive important vu le stade avancé (4) auquel j'ai été
opérée et ensuite nous devons recourir à la FIV. Nous choisissons
la deuxième option, nous prenons ce risque car nous voulons saisir
notre chance d'avoir un bébé naturellement. De plus, je ne me sens
absolument pas capable de commencer des traitements de FIV, j'ai trop
mal vécu la complication lors de l'opération et veux qu'on me
laisse du temps pour récupérer. Je repars donc assez satisfaite
et le moral au top de ce rendez-vous.
En
août, je présente de nouveau des douleurs durant quelques jours au
niveau de la vessie. Je revois justement l'urologue pour mon suivi de
résidu et celui-ci me rassure en me disant que la cystoscopie du
mois précédent était tout à fait bonne et que les douleurs sont
certainement liées à l'irritation lors de l'opération. En
septembre, ces douleurs reviennent et je remarque comme en août,
que ces douleurs surviennent en période d'ovulation. Je
téléphone donc à mon gynécologue qui me rassure d'emblée en me
disant que c'est beaucoup trop tôt pour une récidive, que je ne
dois pas m'inquiéter et il me donne un rendez-vous le lendemain. Je
suis désemparée car ces douleurs sont insupportables et je me marie
dans deux jours... J'ai peur qu'elles viennent gâcher le plus beau
jour de ma vie.
Le
lendemain, le gynécologue me fait une échographie et celle-ci
montre la présence d'une masse au niveau de la vessie. Il n'en
revient pas, il ne me confirme pas que c'est de l'endométriose mais
vu les symptômes, nous savons tout les deux qu'il s'agit de ça...
Il téléphone à mon urologue pour avoir une cystoscopie assez
rapidement et me parle déjà de decapeptyl pendant 3 à 5 mois et
n'exclut pas une nouvelle chirurgie. Il me redonne un rendez vous en
octobre pour la suite car il sait que je me marie dans deux jours et
que nous partons un peu en vacances donc il ne presse pas les choses
pour nous laisser le temps de profiter de ces merveilleux moments et
me represcrit du lutényl. L'urologue nous reçoit le lendemain du
rendez-vous chez le gynéco. Il me dit aussi tout de suite que ça
semble très rapide pour une récidive pourtant la cystoscopie montre
bien l'apparition d'un nouveau nodule. Il conseille le même
traitement que le gynécologue et ne peut pas me certifier qu'une
nouvelle chirurgie pourra être évitée. Je fonds en larmes dans les
bras de l'homme de ma vie que j'épouse le lendemain puis me
ressaisi. Cette maladie ne va pas gâcher mon mariage ni notre voyage
de noces, je mets tout ça sur pause et profite de ces moments
magiques.
Malheureusement,
je redescends vite de mon petit nuage et la réalité me revient très
vite en pleine figure... moralement, c'est assez difficile. Je prends
rendez-vous chez la psychologue de la clinique de la fertilité et
avec une sage-femme haptonome pour essayer de m'aider à passer ces
moments douloureux. A l'heure où je vous écris, je n'ai pas encore
revu mon gynécologue pour la suite du traitement...mais ne manquerai
pas d'ajouter la suite.
J'espère
que grâce à ce récit, vous aurez un autre regard
sur la maladie.
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